Anthony Duranthon
7 JUIN 2025
Artiste originaire de Clermont-Ferrand, d’origine polonaise. Il travaille avec des images, transmettant à la fois son expérience personnelle et collective. L’une de ses questions clés est de savoir comment nous nous formons et nous construisons au sein d’un groupe
Artiste originaire de Clermont-Ferrand, d’origine polonaise. Il travaille avec des images, transmettant à la fois son expérience personnelle et collective. L’une de ses questions clés est de savoir comment nous nous formons et nous construisons au sein d’un groupe
Le processus commence par une phase très intuitive: les couleurs se répondent comme dans une danse. Ensuite, j’entre dans une phase plus calme, où l’encre s’accumule par couches. Puis vient la rencontre avec le regard de l’autre, un moment qui peut être enrichissant ou déstabilisant. Il y a souvent des malentendus, mais cet écart entre l’intention et l’interprétation… c’est quelque chose qui me passionne vraiment.
Qu'est-ce que tu ressens pendant ton processus créatif ?
Je travaille avec l’image, souvent nourrie de vécu personnel ou de mémoire collective. Je m’intéresse à la façon dont on se construit au sein d’un groupe: comment on s’adapte, comment on se camoufle, comment on résiste. J’explore les questions d’appartenance et les traces que l’on laisse derrière soi, pas forcément visibles ou héroïques, mais subtiles et sensibles, comme un écho qui reste.
Quels thèmes et idées traversent ton travail ?
Quelle est ta résidence actuelle ?
Je suis en résidence aux Bains d’Huile, à Clermont-Ferrand, depuis trois ans, mais cela touche bientôt à sa fin. J’ai également fait des résidences à Ratisbonne et à Lviv, où j’ai rencontré des artistes ukrainiens. En juillet, je retourne vivre à Lyon et je prévois une résidence d'été en Pologne.
Je suis né à Clermont-Ferrand et j’ai étudié à l’ESACM. J’ai ensuite vécu un moment à Lyon, mais mes racines sont polonaises. J’ai également passé beaucoup de temps en Allemagne, à une époque où les tendances y arrivaient avant de toucher la France. C'était comme regarder le présent, mais un tout petit pas en avance.
Parle-nous de toi
Probablement Le Paradis blanc, une peinture murale de 3×3 mètres que j’ai réalisée à la salle Gilbert-Gaillard. C’est une œuvre temporaire — elle sera effacée après l’exposition. Peu de gens l’ont comprise, mais elle porte un message personnel et discret que je voulais laisser comme une trace silencieuse. Sa fragilité et son caractère secret sont ce qui la rend précieuse à mes yeux.
Quelle est l’œuvre la plus importante pour toi ?
Pour moi, la valeur d’une œuvre ne se mesure pas à sa notoriété. Un jour, j’ai réalisé une peinture que beaucoup souhaitaient acquérir, mais j’ai préféré la garder — pour qu’elle vive autrement, à travers des rencontres et des expositions. Ce qui compte, c’est sa capacité à durer, à continuer de parler même quand personne ne la regarde vraiment. Cette persistance silencieuse, c’est ce qui la rend vivante.
Qu’est-ce qui fait qu’une œuvre est réussie ou importante ?
Giulia Andreani, Claire Tabouret et Edi Dubien, par exemple, dont j’admire la manière unique d’aborder le portrait et le récit. Abdellah Taïa et Jean-Luc Verna m’inspirent également beaucoup, car ils mêlent engagement et sensibilité. J’adore également Marlene Dumas pour la façon dont elle capte la complexité de l'être humain.
Quels artistes t’inspirent ?
— Ce qui importe, c’est sa persistance — la façon dont il continue à parler même quand personne ne l'écoute.
Le Paradis Blanc, 2025
Si ton art était un album de musique, lequel serait-il ?
A Sound That Only You Can Hear de K's Choice.
Quels sont tes endroits préférés à Clermont ?
Probablement l’ESACM, où j’ai étudié et qui a joué un rôle important dans mon développement en tant qu’artiste. Mais il y a aussi beaucoup d’autres lieux formidables, comme Mille Formes, qui rendent la scène locale vraiment passionnante.
Est-il difficile pour un·e artiste de trouver une galerie ?
Oui, c’est difficile, mais c’est essentiel. Une galerie, c’est une porte d’entrée pour être visible, pour exister aux yeux du milieu.
Nous avons vraiment de la chance en France, car il existe des aides de la ville, de la région, du département, de l'État, etc. La scène artistique française a une portée internationale indéniable. Sans ce soutien, je ne pourrais pas travailler comme je le fais aujourd’hui. Et à Clermont-Ferrand en particulier, la scène est hyper dynamique et vivante.
La France soutient-elle ses artistes ?
Retrouvez Anthony Duranthon sur Instagram et sur son site
onyva_clermont
onyvaclermont@gmail.com
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