Quels sentiments souhaites-tu finalement susciter chez celui ou celle qui entre en contact avec tes œuvres ?
Je ne peux pas avoir le contrôle sur les sentiments que suscitent mes œuvres, mais je sens une profonde intimité avec ceux qui les regardent. Je souhaite que celui ou celle qui regarde mes œuvres puissent entrer dans mon espace sensible, personnel, parfois même ambigu.
Je vois ma pratique comme un texte rédigé sur papier. Certains passages ont été biffés, j’y ajoute des éléments au stylo rouge. Parfois, je chiffonne le texte, que je décide de jeter et que finalement, je reprends dans la corbeille et qui revient au monde sous une nouvelle forme.
Je veux laisser entrevoir mon processus, mes idées, mes erreurs, mes essais; je ne gomme pas mes traces pour laisser place à la pureté de l’image. C’est cela qui, pour moi, crée cette intimité avec ceux qui entrent en contact avec mon travail.
Parle-nous de ton lieu de travail: à quoi ressemble-t-il? Quelle atmosphère y est importante pour toi
Mon atelier passe souvent du chaos au calme. Il y a des moments d’expérimentation où tout s’accumule, puis d’autres où je range, je prends un recul sur ce que j’ai fait et j’observe.
Quelle place occupe la dimension sexuelle du corps dans tes œuvres ?
La dimension sexuelle occupe une place dans ma pratique comme celle de l’amour. J’utilise l’amour comme un souffle, presque comme un gaz pour mes créations. Le plein d’amour et le manque d’amour, l’amour que l’un me donne et l’amour que je manque de me donner à moi-même. C’est la même chose pour la sexualité: elle nourrit mes œuvres comme une énergie à la fois intime et universelle.
Le corps est un élément central dans mon travail, il apparaît sous forme de fragments, d’empreintes, d'égratignures, de poils ou même via la poussière. Ça vient installer une relation tactile et intime avec la surface du tirage, comme si l’image possédait sa propre peau.
Pourrais-tu développer le rôle du corps dans tes photographies ?