Cécile Bouffard
26 AVRIL 2025
Artiste contemporaine originaire de Paris, qui apprécie particulièrement les œuvres collaboratives. Son art explore l’ambiguïté et le mouvement. Parmi ses médiums figurent la sculpture, le dessin, la performance et le vêtement
Artiste contemporaine originaire de Paris, qui apprécie particulièrement les œuvres collaboratives. Son art explore l’ambiguïté et le mouvement. Parmi ses médiums figurent la sculpture, le dessin, la performance et le vêtement
Je fais de la sculpture, je dessine, je crée des performances, je fabrique aussi des t-shirts ou des hoodies. J’utilise plusieurs médiums pour que ce que je fais puisse toucher des publics différents. Beaucoup de gens pensent qu’ils ne " comprennent " pas la poésie ou la sculpture — je ne suis pas d’accord, alors j’essaie de réduire cette distance entre ce qui paraît élitiste et une pratique plus pop. Dans ma pratique principale, j’entretiens volontairement une zone de trouble, autant dans la forme que dans la matière: j’utilise du bois et de la peinture, mais aussi du cuir, du métal, du tissu ou du silicone. Et j’adore la collaboration — j’essaie d’en faire une partie constante de mon travail.
Quel est ton médium?
Idées et thèmes dans ton travail
Ce qui m’intéresse avant tout, c’est l’ambiguïté et le mouvement — éviter que les choses ou les personnes soient immédiatement identifiables. Au premier regard, tu penses comprendre ce que tu vois, puis quelque chose glisse et ça devient autre chose. Je joue avec les sens, avec ces petits détails dans les sculptures qui semblent évidents, mais dès que ton regard se déplace, ton idée vacille — et la perception change.
Je viens de Paris, où je suis née. J’ai étudié aux beaux-arts à Lyon, puis j’y suis retournée plus tard. Un jour, je suis venue à Clermont pour faire partie d’un jury de diplômes. Je connais aussi pas mal d’artistes qui sont passés par Clermont pour des résidences.
Parle-nous de toi
Vue d’exposition Stinky Jade, 2024
Je ne pense pas qu’il y ait une formule miracle. Pour moi, ce qui compte, c’est la sincérité — dans ta pratique et dans ta relation aux autres. Il faut faire ce qui t’importe vraiment, pas juste produire un geste vide. Ça paraît banal, mais quand un·e artiste s’implique vraiment, on sent sa présence dans l'œuvre — et c’est là que ça prend du sens.
Qu’est-ce qui rend l’art réussi ?
Les collaborations ! J’adore travailler avec d’autres. Mais je ne hiérarchise pas mes œuvres. Chaque exposition se concentre sur un thème. Par exemple, la dernière portait sur les femmes qui vendent du poisson dans les ports — sur l’impact des grèves sur leur vie et sur la manière dont la société les regarde.
Quels sont tes travaux les plus importants ?
Je ne suis pas l’artiste qui passe tous ses jours à l’atelier. Je pense, j'écris, je relie des histoires entre elles — des objets, des comportements. Quand un projet arrive, je me concentre — whouff ! — je le dessine, puis je file à l’atelier. Le meilleur moment, c’est l’entre-deux: juste après avoir posé l’idée sur le papier, juste avant d’entrer en production — cette tension-là est magique.
Ta partie préférée du processus
Delicate People, 2021 (performance) de Cécile Bouffard en collaboration avec Ruth Childs
Oui, il doit être gratuit et accessible à tous, et c’est déjà le cas à bien des égards. Davantage d’artistes devraient se rendre dans les écoles pour parler de leur travail et montrer que la réalité du monde de l’art est différente de celle qui est souvent dépeinte. Plus les gens s’intéressent à l’art, moins celui-ci devient élitiste.
L’art doit-il être partagé ?
L'élitisme, c’est surtout un discours produit autour de l’art. Le monde de l’art aime parfois donner l’impression que tout ça n’est " pas pour tout le monde ". Mais les artistes, eux, ne sont pas forcément élitistes — la plupart ne le sont pas. Certains jouent ce rôle, oui, mais au fond, on essaie juste d’exprimer quelque chose. C’est pour ça que le récit est central dans mon travail.
Que penses-tu de l’élitisme dans l’art ?
— Plus les gens s’intéressent à l’art, moins celui-ci devient élitiste.
Baume et Scrupule, 2023.
Si ton art était un album de musique ?
Born To Die de Lana Del Rey.
Que penses-tu de Clermont et de sa communauté ?
J’aime beaucoup cette ville. Quand je suis arrivée, j’ai senti qu’elle était en train de bouger dans le bon sens — il se passe de très belles choses ici. Même si Clermont est au milieu du pays et n’a pas les connexions directes de Paris ou Marseille, elle est à un carrefour. Et ça peut devenir une force — comme un phare.
J’adore travailler avec des étudiant·e·s. Mon conseil est simple: sois honnête avec ton art. Ne joue pas un rôle. Travaille, puis prends du recul avec honnêteté — et continue dans un esprit de jeu. Si ce n’est plus joyeux, alors pourquoi le faire ?
Quel conseil donnerais-tu aux jeunes artistes ou étudiant·e·s ?
3. Happy witnesses, 2022/24.
2. Pursuit of Happiness, 2023.
  1. Fond de Sympathy, 2022.
Retrouvez Cécile Bouffard sur Instagram et sur son site
onyva_clermont
onyvaclermont@gmail.com
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