Chris Paquentin
16 JUIN 2025
Artiste originaire de Pertuis, en Provence-Alpes-Côte d’Azur, Chris voyage sans cesse entre différentes villes, à la recherche d’un changement permanent. Il explore les questions d’identité à travers le travail, l’amour et la famille
Artiste originaire de Pertuis, en Provence-Alpes-Côte d’Azur, Chris voyage sans cesse entre différentes villes, à la recherche d’un changement permanent. Il explore les questions d’identité à travers le travail, l’amour et la famille
Mon travail explore la question de l’identité: comment devient-on qui on est? Je l’aborde à travers trois thèmes: le travail (introspectif, artistique, alimentaire), l’amour (romantique, familial, amical) et la famille (celle dans laquelle on naît et celle que l’on choisit).

Dans mon projet Lianes, j’imagine des personnes voyageant entre différentes dimensions pour trouver refuge et bonheur à mesure qu’elles commencent à se comprendre. Je navigue souvent entre utopie et dystopie pour réfléchir aux traumatismes et au déterminisme, non pas pour les figer, mais pour les démêler doucement en les questionnant.
Quels thèmes et idées retrouve-t-on dans ton travail ?
Je suis né·e dans le sud de la France, à Pertuis, mais je n’ai jamais vécu très longtemps au même endroit. J’ai beaucoup bougé entre la métropole et les territoires d’outre-mer. Ce mouvement constant me garde en vie, comme un requin qui doit toujours avancer. Je m’installe quelque part, puis un jour, je repars ailleurs.

J’ai étudié l’histoire de l’art et l’archéologie à Dijon, puis j’ai déménagé à Clermont-Ferrand il y a six ans pour intégrer une école d’art. Il y avait une énergie dans cette ville qui m’a attirée. Maintenant que mes études sont terminées, je travaille comme artiste multimédia basé·e à Clermont-Ferrand… du moins pour l’instant.
Parle-nous de toi
Genesis, 2022
Je considère la réussite et l’importance comme deux choses différentes. La réussite vient souvent des réseaux et de la visibilité. Mais l’importance, c’est autre chose: c’est créer avec le sang. Si une œuvre ne bouleverse rien, si elle ne te transforme pas un peu, alors pour moi, elle n’est tout simplement pas importante.
Quelle est ta partie préférée du processus créatif ?
Qu’est-ce qui rend l’art réussi ou important ?
En ce moment, je suis inspiré·e par le travail brut et viscéral de Chloe Burt sur le corps. Il me rappelle l’intensité des œuvres de Frida Kahlo qui me touchent encore profondément. J’aime aussi les voix contemporaines d’Assylem et de Stella Winter, ainsi que l'énergie vibrante et fauviste des peintures de Salman Toor; tout cela résonne avec ma manière de voir et de sentir le monde.
Quels artistes t’inspirent ?
Pour moi, le processus créatif est quelque chose de très intime, comme un voyage intérieur dans mon propre corps — l’esprit, les organes, la chair — que je traduis en mots ou en couleurs. C’est un espace solitaire, difficile à partager. J’ai donc lancé une chaîne YouTube, Bla-Blart, où je parle de mon travail et essaie d’ouvrir un peu cet espace.
J’utilise l'écriture, la peinture, le dessin, la performance, la vidéo ou le son, selon ce que j’ai besoin d’exprimer. Les installations sont très importantes pour moi. Elles me permettent de combiner plusieurs médiums en un ensemble cohérent. Le son et la voix, surtout, donnent une présence physique à mes textes, comme un corps que le public peut ressentir.
Quels médiums et matériaux préfères-tu ?
Lecture Autopsie, 2024
La France ne soutient pas vraiment les jeunes artistes — les budgets sont coupés, et plus on va vers la droite, plus on est foutu·es. L’art est essentiel, mais les artistes sont dévalorisés et condamnés à survivre par passion. Être artiste, c’est un métier. Connais tes droits (commence par le SNAPCGT), soutiens les initiatives locales et ne romantise jamais la précarité !
La France soutient-elle les jeunes artistes ? Quel conseil leur donnerais-tu ?
Un moment clé a été ma rencontre avec Alizé Gauthier, une amie et art-thérapeute. Elle m’a fait comprendre que la création n'était pas seulement un hobby, mais un besoin professionnel. Son soutien m’a apporté confiance et audace. Dans les moments de doute, elle débarque et dit quelque chose de magique, et je repars avec mille idées.
Y a-t-il eu des moments charnières dans ta vie ?
Chaque œuvre est importante à son moment — ce que je créais à 12 ans comptait énormément à l'époque. Plus récemment, c'était mon court-métrage Genesis, et avant cela, les dessins du storyboard qui l’ont façonné. Ces six dernières années, Lianes a également occupé une place importante dans ma pratique et mon identité.

Mais en ce moment, ce sont mes nouvelles peintures qui ressortent. J’y explore en profondeur mes souvenirs et mes émotions, en m’exposant comme je ne l’avais jamais fait. C’est le début d’une nouvelle ère dans ma manière de me représenter: intime, brute et réparatrice. Ce processus ressemble presque à un soin pour ma santé mentale.
Quelles sont les œuvres qui comptent le plus pour toi ?
— Si une œuvre ne bouleverse rien, si elle ne te transforme pas un peu, alors pour moi, elle n’est tout simplement pas importante.
La laverie, 2025
Si ton art était un morceau de musique, lequel serait-il ?
The Great Impersonator de Halsey.
Quels sont tes endroits préférés à Clermont ?
Mon endroit préféré, c’est Chez Raymonde. Des lieux autogérés comme celui-ci offrent une liberté rare et un vrai lien humain dans le climat politique actuel. J’adore aussi la boulangerie Fournil Saint-Esprit, près des Beaux-Arts, pour ses gressins, mon en-cas préféré quand je me promène dans mes coins verts préférés de Clermont.
Que penses-tu de la scène artistique à Clermont-Ferrand ?
La scène artistique de Clermont-Ferrand est formidable, avec de nombreux collectifs, associations et lieux qui soutiennent les artistes émergents et cherchent à rendre les choses plus inclusives. Des arts visuels à la musique, il y a une vraie énergie, avec des lieux comme Le Lieu-Dit, Somme Toute, Chez Raymonde, etc., qui ouvrent des espaces où la créativité peut s'épanouir.
L’art devrait être gratuit et accessible à toutes et à tous, quelle que soit leur origine, leur capacité ou leur lieu de résidence. Mais l’accessibilité implique aussi d’accepter que tout le monde ne comprenne pas tout, ce qui est tout à fait normal. Parfois, la confusion, la frustration ou même l’inconfort sont des réactions légitimes. L’essentiel, c’est que l'œuvre te touche, te bouscule et laisse une trace.
Quel est ton avis sur l'art ? Doit-il être accessible à tous ?
Locus Amoenus, 2022
Retrouvez Chris Paquentin sur Instagram et sur leur site
onyva_clermont
onyvaclermont@gmail.com
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