Mariecke de Bussac
18 MARS 2025
Actrice, danseuse, écrivaine et metteuse en scène originaire de Paris. Arrivée à Clermont-Ferrand il y a de nombreuses années, elle y réside toujours et se produit dans toute la France
An actress, dancer, writer, and director from Paris. Having come to Clermont-Ferrand many years ago, she is still based there, performing concerts all around France
Je montais de petits spectacles avec mes cousins, puis plus tard à l'école avec mes amis. Ma famille n’a pas vraiment encouragé cette vocation, mais après mon mariage et mon installation à Clermont, alors que nous avions déjà des enfants, j’ai décidé de suivre mon rêve et de me consacrer au théâtre. Cela fait maintenant 50 ans que je pratique le théâtre.
Comment êtes-vous entrée dans le théâtre ?
Je n’y pense pas vraiment, et surtout, je ne m’habille pas pour être jugée par les autres. Il m’arrive que des gens m’arrêtent dans la rue pour me complimenter, pour me dire que je suis élégante et que j’ai du style. Mais comme je l’ai dit, je ne le fais pas pour attirer l’attention. C’est venu naturellement. Ma mère était une femme élégante, et je pense avoir hérité de son sens du style.
Quel effet pensez-vous que votre apparence a sur les gens ?
Vous vous habillez avec beaucoup d’élégance. Est-ce une forme d’art pour vous ?
C’est ma manière de m’exprimer et de me présenter. J’aime les choses délicates et élégantes, et j’aime jouer avec les couleurs — c’est une façon de partager des idées. J’ai beaucoup de vêtements. Ils sont " éparpillés dans tout l’appartement ", mais j’en prends grand soin, car certains ont plus de 30 ans ! Ce que je porte dépend de mon humeur et, bien sûr, de la météo.
Je suis née et j’ai fait mes études à Paris, puis j’ai déménagé à Clermont-Ferrand avec mon mari. Cela fait maintenant 60 ans que j’y vis. Je suis comédienne, metteuse en scène, danseuse et autrice. J’ai fondé ma propre compagnie de théâtre pour laquelle j’ai écrit des pièces. Depuis toute petite, je voulais faire du théâtre, sans même savoir pourquoi !
Parlez-nous de vous
Il y a quelques semaines, j’ai joué dans une pièce qui a connu un grand succès en France, au Brésil et au Chili: La Vie secrète des vieux, écrite par Mohamed El Khatib. Elle est basée sur de véritables témoignages (verbatim) de personnes âgées vivant en EHPAD.

Le sujet est tabou: les personnes âgées entretiennent des relations affectives et intimes, mais leurs enfants trouvent cela insupportable. Avec l’appui du personnel, tout est fait pour séparer ces couples, car on considère que ce type d’amour n’a pas sa place. C’est une pièce puissante qui aborde un thème difficile avec douceur et légèreté.
Quel spectacle vous a le plus marquée ?
Je choisissais des artistes pluridisciplinaires — comédiens, danseurs, musiciens, vidéastes, créateurs lumière — autour d’un thème. Je proposais un fil conducteur, puis nous improvisions sur scène. À partir de ces improvisations, j'écrivais les scènes. Nous travaillions pendant un peu plus de trois mois avant de présenter le spectacle au public.
Comment écriviez-vous vos pièces ?
Avant tout, c’est l’amour du public qui me porte: je monte sur scène pour créer du lien avec lui et ressentir cet amour. Dans la vie quotidienne, cela m’importe peu, mais lorsque des gens viennent au théâtre pour vivre quelque chose, j’aimerais qu’ils m’aiment.

J’adore apprendre un texte, lire et mêler les arts, car ils s’inspirent les uns les autres. J’aime les répétitions et travailler avec différents metteurs en scène et acteurs. J’ai longtemps fait du théâtre expérimental, souvent autour de thèmes féministes. Mais je ne dirige plus de compagnie, car cela demandait trop d'énergie et d’administratif avec l'âge.
Qu'est-ce qui vous attire le plus dans le jeu ?
Je n’appellerais pas cela une illumination soudaine. Il y a des films et des livres qui me touchent, qui me font réfléchir et nourrissent mon écriture. Voilà comment je fonctionne, je ne reste pas à attendre que l’inspiration tombe du ciel. Mais la vie elle-même est une source d’inspiration infinie, tout comme l’art et les personnes qui le créent.
Où trouvez-vous l’inspiration ?
Tchekhov, bien sûr ! C’est un écrivain exceptionnel: La Cerisaie, Oncle Vania, Les Trois Sœurs… même si La Mouette est la pièce que j’aime le moins. Mon bureau est rempli de ses portraits. J’aime aussi Jean Racine, Andreï Makine et Annie Ernaux, qui a reçu le prix Nobel de littérature en 2022.
Quels auteurs admirez-vous ?
Avec l’ensemble instrumental Les Volcans, nous interpréterons des œuvres d’Ennio Morricone. J’ai écrit des textes qui feront le lien entre les morceaux. La prochaine représentation aura lieu le 5 avril à 20 h 30 à Mozac (salle de l’Arlequin) et le spectacle s’intitule Il était une fois, Ennio Morricone.
Où pourra-t-on vous voir prochainement sur scène ?
— La vie elle-même est une source d’inspiration infinie, tout comme l’art et les personnes qui le créent.
Si vos vêtements étaient de la musique, quel artiste seraient-ils ?
La chanteuse française Véronique Sanson.
Quels sont vos endroits préférés à Clermont ?
J’aime cette ville et j’adore y marcher — je fais environ 10 kilomètres par jour. J’apprécie tout particulièrement le jardin Lecoq pour sa nature et le passage des saisons. J’aime aussi le musée Roger-Quilliot, l’hôtel Fontfreyde, la galerie Trocmez et la Comédie de Clermont. J’adorais le Café Thomas avant les travaux, mais maintenant, il y a trop de bruit.
La vie sans art est impossible. Personne ne peut vivre sans art, c’est une nécessité absolue. Bien sûr, il existe mille et une définitions de l’art, façonnées par l'éducation, l’expérience et le parcours de chacun. Mais malgré ces différences, l’art reste essentiel.

Oui, il doit être accessible à tous ! Avec ma compagnie, nous travaillions souvent dans des lieux comme les hôpitaux psychiatriques ou les prisons, précisément pour que l’art parvienne à celles et ceux qui en sont éloignés. Cela me semble tout à fait naturel: l’art doit être partout et pour tout le monde.
Que pensez-vous de l'art ? Doit-il être accessible à tous ?
onyva_clermont
onyvaclermont@gmail.com
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