Ophélie Raffier
18 FÉVRIER 2025
Artiste clermontoise basée à Paris. Son art est une poésie et un dialogue politique prenant différentes formes. Ophélie a également enseigné les arts plastiques à des enfants et des adolescents dans un collège
Artiste clermontoise basée à Paris. Son art est une poésie et un dialogue politique prenant différentes formes. Ophélie a également enseigné les arts plastiques à des enfants et des adolescents dans un collège
Imaginer une idée est un moment incroyable. J’ai deux carnets spéciaux dans lesquels je note mes idées. Parfois, il me suffit qu’elles restent juste écrites ou dessinées en croquis. Je trouve mes références partout: pour l'écriture, je me tourne vers les discours politiques; pour les images, vers des moments romantiques dans la nature, quelque chose de simple.
Quelle est ta partie préférée du processus ?
Il s'agit d'une poésie interdisciplinaire : je couds, je peins à l'huile, je réalise des sculptures en métal, des vidéos, et j'utilise des matériaux trouvés — des feuilles, de la terre, du textile, de la céramique, etc. —, tout ce que je peux trouver.

Je m’intéresse également au latex pour sa texture et son histoire. Et bien sûr, j’écris ; l’écriture m’a souvent aidée à trouver les bons mots.
Quel est ton médium ? Quels matériaux préfères-tu ?
Dans les villages, les petits bars-tabac sont très populaires, importants et symboliques: les gens s’y retrouvent et discutent. J’aime l’art conceptuel, mais je choisis ces lieux pour créer une communication simple et accessible. Il est intéressant d’ajouter de l’humour aux discours politiques et de réfléchir à ces conversations.
Qu'entends-tu par « symboles populaires » ?
Mon art est une forme de poésie et de conversation politique. Il peut prendre beaucoup de formes différentes. J’ai envie de rendre hommage à ce qui est caché, discret, difficile à voir. J’aime choisir des symboles populaires, comme les pommes ou les bouteilles en verre, par exemple.
Quels thèmes et idées traversent ton travail ?
Je suis née à Clermont, j’y ai fait mes études d’art et je me suis installée à Paris. J’ai effectué un stage de résidence de six mois en Creuse, à La Métive. J’ai ensuite enseigné les arts plastiques aux enfants de 11 à 15 ans dans un collège pendant deux ans.
Parle-nous de toi
Ça dépend du spectateur. Beaucoup d'œuvres deviennent populaires grâce au marketing et à la communication. Il est difficile de répondre… Regarde, je porte un pull fait par l’un·e de mes élèves. Il n’est peut-être pas très bien réalisé, mais je l’adore. Pour moi, chaque œuvre a de la valeur. Je dirais que cela dépend de la sensibilité du public. Parfois, je me rends à des expositions très demandées, très populaires, mais qui ne me touchent pas — ce n’est pas ma sensibilité. Pour autant, je reconnais qu’elles sont très bien faites et réalisées par des professionnels.
Qu'est-ce qui fait qu'une œuvre est réussie ?
Laure Prouvost, une artiste française qui vit en Angleterre. J’admire la diversité de ses matériaux et sa manière de travailler le langage. Ses thèmes tournent souvent autour des femmes et elle utilise beaucoup d’humour. J’aime quand l’art est dynamique, en mouvement. Je trouve également beaucoup d’inspiration chez Françoise Sagan et Hermann Hesse.
Quels artistes t’inspirent ?
Il est difficile de le définir. Dire qu’il faut choisir entre l’amour et la haine est trop simpliste; je rejette une vision manichéenne du monde. L’amour est une chose très sensible. Beaucoup de politiciens disent qu’aimer est honteux et qu’il faut haïr. Mais moi, je choisis l’amour.
Mais qu'est-ce que l'amour ?
J’aime leur manière de s’exprimer, leur façon de s’adresser aux gens. J'écoute leurs discours, je les recycle, je prends leurs mots, je les modifie et je les réutilise. Par exemple, même si je n’aime pas ce qu’un politicien dit, je prends quand même ses phrases et je les transforme. Évidemment, le sens est complètement changé. Et parfois, j’invente même des rêves drôles sur des politiciens.
Quel est ton rapport aux discours politiques ?
— Je veux rendre hommage à ce qui est caché et difficile à voir.
Sablier, 2018
Your Love Is King de Sade.
Si ton art était un morceau de musique, lequel serait-il ?
La Tôlerie, évidemment — c’est un lieu très inspirant. Et Le Chantilly, un vieux bar. Si tu y vas, il y a toujours la même station de radio qui passe et tu y trouves des gens avec une sorte de joie mélancolique.
Quels sont tes lieux préférés à Clermont ?
Tous les artistes n’ont pas besoin d’une galerie. Moi, je n’ai jamais cherché à en trouver une. Bien sûr, travailler en dehors de l’art peut prendre du temps sur ta pratique, mais rencontrer des gens d’autres domaines est bénéfique: cela enrichit ton expérience, élargit ta vision des choses et ton réseau.
À quoi devrait ressembler un parcours professionnel ?
Il y a des mouvements qui se battent pour ça. Tu dois être présente sur les réseaux sociaux, rencontrer des gens, partager tes idées et te rendre dans de nombreux endroits. Il existe beaucoup de communautés artistiques que tu peux rejoindre. Et surtout, tu ne dois jamais arrêter: il faut travailler, travailler, travailler…
La France soutient-elle les jeunes artistes ?
Rock-it (Bercez): c’est un petit lit, une " berceuse " dans laquelle tu peux poser tes objets personnels, comme ton téléphone ou tes clés, et les bercer pour créer un moment tendre. Peut-être feront-ils un rêve? J’adore cette idée.Et beaucoup de mes sculptures en métal sont conçues pour bouger.
Quelles sont tes œuvres les plus importantes pour toi ?
3. L’avalation, 2021.
2. Francs, 2019.
  1. Bercez, 2022.
Retrouvez Ophélie Raffier sur Instagram
onyva_clermont
onyvaclermont@gmail.com
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