Romane Frachon
11 MARS 2025
Journaliste originaire de Clermont-Ferrand, elle est passionnée depuis de nombreuses années par la culture des pays hispanophones. L’un de ses sujets de recherche portait sur les femmes immigrées en Europe
Journaliste originaire de Clermont-Ferrand, elle est passionnée depuis de nombreuses années par la culture des pays hispanophones. L’un de ses sujets de recherche portait sur les femmes immigrées en Europe
D’abord, j’ai toujours voulu voyager. L'écriture est ensuite venue naturellement. Ma mère avait une immense bibliothèque, donc j’ai beaucoup lu — j’ai eu de la chance. Les mathématiques ou la physique ne m’ont jamais attirée: je venais d’un autre monde. Je voulais devenir comédienne de théâtre et je jouais également de l’accordéon.
Comment t’es-tu tournée vers le journalisme ?
Elle a été complètement démolie en 2023, car elle menaçait de s’effondrer. À la place, la ville a construit un grand parc dans ce qui était un quartier défavorisé. Je trouve que c’est un changement positif. Chaque fois que je passais devant ce bâtiment pour rendre visite à mon frère à l’hôpital, après mon départ, je me sentais vraiment mal.
Et aujourd’hui, qu’est-il devenu ?
Comment était la Muraille de Chine ?
C'était un immeuble HLM très connu à Clermont-Ferrand, avec une vue sur le volcan. Construit en 1961 pour les ouvriers de Michelin, il a ensuite accueilli de nombreuses familles immigrées. Quand j’y vivais, j’ai vu beaucoup de criminalité, de pauvreté et de problèmes liés à la drogue.
J’ai passé une partie de mon enfance à Saint-Jacques, dans le quartier de la Muraille de Chine, avec mon frère et mon père, puis une autre près de la place Jaude, dans le quartier aisé de Nestor Perret, avec ma mère. Et honnêtement, j’ai toujours voulu quitter Clermont pour découvrir la vie ailleurs. C’est ainsi que j’ai fini par vivre en Amérique du Sud et dans d’autres pays hispanophones.
Parle-nous de toi
Oui, totalement ! Je pense que les gens ont besoin de voyager pour comprendre le monde, comment il fonctionne et ce qu’il y a au-delà de leur " grotte ". Voyager est un privilège. J’aime Clermont-Ferrand, mais il est essentiel de voir le monde. Ce n’est qu’après tous mes voyages que j’ai vraiment compris ce qui comptait pour moi ici et comment l’apprécier.
Penses-tu que ton expérience pourrait être utile à Clermont ?
L’efficacité ! Mais pour être honnête, je ne suis pas très optimiste concernant le journalisme en Europe et en France. Tu ne devrais pas courir après l’argent, mais tu dois faire preuve de discipline, être rapide et toujours à l’affût pour trouver des informations. Le fact-checking est essentiel. Il faut également savoir filmer, prendre des photos, enregistrer et maîtriser tous les formats médiatiques.
Quelles sont, selon toi, les compétences les plus importantes pour les journalistes ?
Les qualités humaines: l’empathie, l’intégrité, des relations sincères sans compétition. Malheureusement, j’ai trouvé ces valeurs plus souvent chez les femmes que chez les hommes, mais j’espère que cela va changer. J’apprécie quand les gens prennent soin les uns des autres, s’excusent quand il le faut et montrent du respect.
Qu'est-ce que tu apprécies le plus chez les gens avec qui tu travailles ?

Je dirais leur manière de vivre. Là-bas, les gens sont incroyablement solidaires ! J’adore le fait qu’ils fassent la sieste après le travail, puis sortent boire un verre entre amis pour profiter de la vie. Il y a une vraie solidarité: les gens ne se sentent pas seuls. Ils t'écoutent vraiment et sont plus tactiles dans leurs interactions. Je trouve ça magnifique, surtout à Cuba.
Qu'est-ce qui t'inspire le plus dans la culture des pays hispanophones ?
— les gens ont besoin de voyager pour comprendre le monde, comment il fonctionne et ce qu’il y a au-delà de leur " grotte ".
Le festival du court métrage, évidemment ! Je suis sûre que tout le monde te dit la même chose. Comme tu le sais, des gens du monde entier viennent assister à la compétition. J’adore aussi Les Arts en Balade, un atelier de mai soutenu par la communauté locale.
Quels sont les événements clermontois que tu préfères ?
Le lac Servière et le stade Gabriel-Montpied. J’adore aussi l’architecture des bâtiments en béton de Clermont, qui me rappelle l’architecture suisse et le style soviétique inspiré de Le Corbusier. Ça me fait penser à mon bâtiment préféré à Cuba: l’Edificio Girón. L'École d’architecture à Croix-de-Neyrat est également fascinante.
Quels sont les endroits de Clermont qui t’inspirent le plus ?
J’ai fait la paix avec la ville et avec mon enfance. Depuis l'âge de 17 ans, soit il y a 14 ans, je n’y ai jamais vraiment vécu, seulement pour les vacances ou lorsque j’avais des choses à régler. Maintenant, je vois tout le potentiel de Clermont. Michelin est resté et a réinvesti dans la ville, c’est pour cette raison qu’elle n’est pas aussi pauvre qu’elle aurait pu l'être. Nous avons besoin d’une culture qui vienne des gens, pas de l'État. Je ne veux pas d’une culture bourgeoise pour mon peuple, je ne veux pas que Clermont ressemble à Paris ou à Lyon.
Comment vois-tu Clermont aujourd'hui ?
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onyva_clermont
onyvaclermont@gmail.com
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