Sigrún Gyða
9 AVRIL 2025
Artiste originaire de Reykjavik. Outre sa sensibilité à la nature, elle s’intéresse au lien entre le genre et le changement climatique. Ses œuvres comprennent des installations, des sculptures, des objets et des performances, le tout accompagné de musique
Artiste originaire de Reykjavik. Outre sa sensibilité à la nature, elle s’intéresse au lien entre le genre et le changement climatique. Ses œuvres comprennent des installations, des sculptures, des objets et des performances, le tout accompagné de musique
Actuellement, je travaille sur un projet qui explore la relation entre le genre et le changement climatique, et la manière dont ils s’influencent mutuellement. Par exemple, les femmes n’occupent pas les mêmes positions de pouvoir que les hommes lorsqu’il s’agit de prendre des décisions liées au climat. Pourtant, le changement climatique les touche plus directement.

Il faut arrêter de creuser les divisions et commencer à discuter pour résoudre les problèmes et les désaccords. C’est précisément ce que j’explore dans mon dernier travail. D’une certaine manière, je raconte mes propres histoires et celles de mon entourage à travers mes performances. J’aime également travailler sur le thème du temps.
Quels thèmes et idées traversent ton travail ?
Quel est ton parcours professionnel ?
Je suis diplômée d’une école d’arts plastiques et de design et j’ai également beaucoup voyagé pour participer à plusieurs résidences, notamment à Brighton, au Royaume-Uni, et en Suède. Ces expériences m’ont permis de voir comment différentes communautés interagissent les unes avec les autres, ce qui est très précieux et permet d’apprendre énormément.
Je suis née à Reykjavik. J’ai passé la première partie de ma vie à la campagne, ce qui explique mon lien étroit avec la nature. Ici, à Clermont, je me sens également très bien, entourée de montagnes et de paysages naturels. Je suis venue pour une résidence artistique, mais je vis aux Pays-Bas depuis près de six ans.
Parle-nous de toi
Skjóta, 2024 (spectacle d'opéra vivant et installation)
La création se fait surtout dans les situations du quotidien que je ramène ensuite à l’atelier. Je note beaucoup d’idées et de phrases amusantes dans mon téléphone, mais j’ai aussi toujours un carnet sur moi. C’est drôle de voir à quel point on traverse toujours la même agonie quand on crée une nouvelle œuvre ou une exposition. C’est comme voyager dans un paysage avec des montagnes de gloire et des vallées de désespoir.

Je crois que mon moment préféré, c’est quand tout commence à prendre forme, quand chaque élément se relie, comme un filet de pêche ou une carte mentale infinie. C’est le plus grand plaisir de la création.
Quelle est ta partie préférée du processus créatif ?
Je fais de la musique depuis toute petite: d’abord le violon, puis la musique électronique et le chant. Aujourd’hui, je mêle l’opéra et la musique expérimentale. Je travaille également avec la sculpture et l’installation, en tissant la musique à travers mes performances. Le son est toujours présent dans mon travail. J’adore le bois, le métal, le béton et les textiles ! Parfois, je crée également des objets.
Quels médiums utilises-tu ?
Tu sais, le temps a une dimension existentielle. Je pense que la vie ressemble un peu au football: la première mi-temps, c’est la vie; la deuxième, c’est la mort; et la mi-temps entre les deux, c’est notre vraie vie. Alors je me demande: qu’est-ce qu’on arrive à accomplir pendant ce temps? Qu’en faisons-nous ?
Le temps ? Qu'est-ce que tu veux dire ?
Mid, time of the foresighted silence, 2024 (film)
En juin 2024, j’ai présenté mon opéra Skjóta lors d’une exposition personnelle à Reykjavik. Il s’agit d’une pièce de 90 minutes sur le football et le changement climatique, mon plus grand projet à ce jour. Je l’ai composée, mise en scène et interprétée avec six instrumentistes et deux chanteurs. J’ai bénéficié d’un soutien incroyable de la part d’une équipe d’artistes.
Quelle est l’œuvre qui te semble la plus significative ?
J’ai envie de créer de l’art qui fait ressentir quelque chose — un art avec une histoire, quelque chose de réel auquel les gens peuvent se connecter. Si une seule personne est touchée émotionnellement par mon travail, alors je suis heureuse, car j’ai laissé une trace en elle. Je veux créer des contrastes qui donnent un nouveau regard sur les situations du quotidien.
Qu'est-ce qui rend une œuvre réussie ou importante ?
En ce moment, je suis très inspirée par l’artiste performeuse Lina Lapelytė, l’artiste visuel et compositeur Ivan Cheng, l’artiste et musicienne Stina Fors, la chorégraphe et performeuse Alexis Blake, ainsi que par des réalisatrices comme Emerald Fennell et Florence Holzinger, qui est également chorégraphe et performeuse.
Quels artistes t’inspirent le plus ?
— J’ai envie de créer de l’art qui fait ressentir quelque chose — un art avec une histoire, quelque chose de réel auquel les gens peuvent se connecter.
Draumur Pareidoliu/ Pareidolia's Dream, 2023 (Exposé au musée d'art d'Isafjörõur)
Si ton art était un morceau de musique, lequel serait-il ?
Pace, pace mio dio! de Maria Callas.
Quels sont tes endroits préférés à Clermont ?
Artistes en Résidence, évidemment ! C’est un endroit génial dans un bâtiment rempli d’ateliers. J’aime aussi La Tôlerie, où Marie et Tom sont formidables et où l’ambiance est super. Pour les bars, j’ai beaucoup aimé Le Grand Écart ! La nourriture m’a impressionnée, surtout la truffade. Et le festival était absolument incroyable.
La France soutient-elle les jeunes artistes ? Et quels conseils leur donnerais-tu ?
Je ne suis pas sûre d'être la mieux placée pour donner des conseils, mais je dis toujours aux jeunes artistes de postuler à un maximum d’opportunités. Honnêtement, on passe tellement de temps à faire des candidatures et de l’administratif, mais ça vaut vraiment le coup si tu postules à 20 appels à projets et que tu en es retenue pour 3 !
L’opéra, bien sûr, mais aussi l’obtention de mon master en arts visuels au Sandberg Institute. Mon projet de fin d'études était un petit opéra sur le temps et les pierres. Il traitait de la petitesse de l’humanité et de l’interconnexion de tout, en comparant la naissance humaine à la naissance d’un nouveau magma en éruption.
As-tu vécu des moments qui ont changé ta vie ?
3. Lay my chin in your palm, 2023.
2. Unrealistic feeling, 2023.
  1. Skjóta, 2024 (installation).
Retrouvez Sigrún Gyða sur Instagram
onyva_clermont
onyvaclermont@gmail.com
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